Noël 2013 aura une place un peu spécial dans mon cœur. En effet, le 25 décembre 2013, j’ai validé ma formation de rescue diver. Ce qui signifie plongeur sauveteur .
Avant de passer cette formation, je voyais cela un peu comme une étape obligatoire dans l’échelle des certifications PADI devant me mener au monitorat de plongée. Mais le rescue diver c’est beaucoup plus que cela.
Ma formation
Elle s’est déroulée sur 4 jours pendant lesquels on m’a appris à sauver des gens. Les gens c’étaient , Will mon instructeur et Ben un stagiaire divemaster qui jouait quasiment tout le temps le cobaye. Mais il y avait aussi, des plongeurs choisis parmi les clients.J’ai appris beaucoup de choses. Par exemple :
- Reconnaître le stress chez un plongeur
- Réagir aux situations d’urgence en plongée
- Assister un plongeur conscient
- Contrôler une urgence jusqu’à l’arrivée des secours
- …
J’ai aussi retenu que la cause la plus courante des urgences en plongée est dû à une erreur de jugement et que pour chaque situation il faut penser à s’arrêter, réfléchir et agir.
Le déroulement de la formation est le suivant : une journée de formation théorique (vidéo, cours et répétition de mouvements) et trois jours d’exercices pratiques en mer et/ou sur le bateau. Il y a aussi un test écrit de validation des connaissances
Quelques scénarios d’urgence
J’aperçois un niveau de bulles excessif. Je m’approche de Ben et lui demande si tout est ok. Il. me fait le signe qu’il est victime d’essoufflement. Je lui demande de se calmer, et lui fait signe de prendre ses inspirations et d’expirer longuement. J’en profite pour vérifier sa quantité d’air. N’ayant pas d’objet à proximité ou il pourrait s’accrocher je reste avec lui quelques instants et après on recommence à palmer dans la grande bleue.
Un peu plus tard, je le retrouve à plat sur le fond, détendeur en bouche et il semble inconscient. Après m’être assuré de son état, je me place aussitôt dans son dos. Je coince sa bouteille entre mes jambes. Avec ma main droite j’appuie sur son régulateur pour qu’il ne s’échappe pas de sa bouche et avec la gauche, je commence à gonfler légèrement son gilet pour nous redresser. Puis j’utilise le mien pour remonter à la surface. une fois arrivée à la surface, je dois le remorquer jusqu’au bateau tout en lui administrant des insufflations. La distance est d’environ 400 mètres. Je commence mon tractage. J’aperçois l’échelle à portée de main. Je dois le déséquiper, enlever mon matériel tout en maintenant les insufflations. Commence alors l’épreuve de la remontée. La mer est agitée et à un moment, je me retrouve éjecté de l’échelle. Je perds le contrôle de ma victime. Échec. I failed to get the job done. Cet exercice nous le répéterons 4 ou 5 fois. Une fois sur le bateau, je dois lui
administrer de l’oxygène. Bien sûr, le kit d’oxygénothérapie n’est pas là à m’attendre. Je sollicite de l’aide. Je demande à quelqu’un d’ouvrir le kit tout en continuant les insufflations…Je peux vous dire que, réalisé dans une eau agitée, avec une visibilité moyenne, cela n’aura pas été une partie de plaisir.
Il y a un moment ou il faut faire abstraction des petits bobos, des coups que l’on peut recevoir, accepter les remarques de l’instructeur pour réussir à maîtriser un geste qui peut sauver la vie.
Il est environ 13h00, c’est l’heure du repas. J’ai à peine englouti ma dernière bouchée que j’entends : Mike un homme à la mer. On a un plongeur qui est tombé du bateau. Je descends sur le pont inférieur. Un coup d’épaule à gauche, un coup d’épaule à droite, j’aperçois une bouée, je tente de la lui envoyer. Cela ne sert à rien. J’enfile palmes, masque et tuba et c’est reparti pour une assistance avec un tractage sur environ 200 mètres. À peine remonté et je dois aider une plongeuse victime de
piqûres de méduses. Elle est en état de choc, limite hystérique. Il est difficile de la calmer. Et bien sûr, il y a les éléments perturbateurs qui s’agitent autour de nous…
Plus tard, je dois faire face à une autre situation d’urgence : un plongeur paniqué. Il faut tenter de calmer le plongeur, s’assurer que son gilet est suffisamment gonflé pour assurer une bonne flottabilité et bien sûr il faut éviter de se retrouver trop près de lui. Un plongeur paniqué cherchera toujours à garder la tête hors de l’eau. Encore un de ces exercices qui a bien sollicité mes muscles.
Il y avait bien entendu tout un tas d’autres exercices.
Ce furent 4 jours vraiment intenses. J’ai « pris cher » comme disait mon instructeur. Mais cela en valait la peine. Ce fut une belle expérience. Je me suis moi-même retrouvé en situation de stress et il a fallu faire avec. Will qui a vécu un an aux Antilles me parlait quelques fois en créole avant d’aller appliquer les scénarios. Il ne le sait peut-être pas, mais cela me calmait énormément.
Vous savez quoi ? Hier nous sommes partis faire une fun dive et j’avais la responsabilité d’une plongeuse. Elle n’était pas suffisamment lestée et mettait trop d’air dans son gilet. À un moment, je me suis retrouvé dans une situation d’urgence. Celle de la remontée excessive d’un plongeur. Calmement, j’ai fait le nécessaire, puis luis ai passé un poids supplémentaire et on a continué notre balade. Avant, j’aurais peut être ignoré cette situation.